Alain Montesse
Communication au séminaire " Ecrit-Image-Oral et Nouvelles Technologies ",
http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/
17 septembre 2002


NT@M, rapport d'étape



Rappels

Le 17 mai 2002 était publié aux éditions 00h00 le livre Nouvelles Technologies et Art de la Mémoire, que j'avais eu le plaisir et l'honneur de coordonner1. Une des sources du livre était ma communication au séminaire du 16 novembre 1993, " À propos des palais de mémoire "2 - un coup de chapeau est d'ailleurs tiré dans le livre, à l'" exceptionnelle convivialité " du séminaire. En bientôt dix ans, la notion de " palais de mémoire " est devenue d'usage courant parmi les habitués du-dit séminaire. La séance du 17 septembre 2002 fut donc consacrée à faire le point sur la question ; le présent texte, rédigé durant l'été 2003, reprend le contenu de cette séance, avec des prolongements.

Rappelons d'abord de quoi il s'agit. Depuis au moins 2500 ans existe dans la civilisation occidentale un art de la mémoire artificielle, basé sur la mise en scène d'images actives dans des lieux, imaginaires ou inspirés de lieux ou d'architectures préexistants. Cet art, lié à la rhétorique, et qui touche à des points fondamentaux de nos représentations du monde, a connu des hauts et des bas, des éclipses qui ont parfois duré plusieurs siècles. Il semble bien que, après une période de retrait, commencée au XVIIe siècle, nous soyons maintenant dans une période de retour, sous la forme de ce qu'il fut convenu d'appeler la " révolution " du " multimédia ", ou des " nouvelles technologies de l'information et de la communication ". Brièvement et grossièrement dit : les anciens stockaient leurs connaissances et manipulaient leur imaginaire par le biais d'" imagines agentes " dans des architectures mentales ; nous stockons et manipulons les nôtres par le biais d'icônes dynamiques dans des architectures informatiques. Le jeu consiste à préciser les ressemblances et les différences. L'art de la mémoire a d'abord été un art individuel, réservé aux orateurs et aux rhéteurs, il fut ensuite un auxiliaire précieux du christianisme médiéval, il donna aux Italiens de la Renaissance l'occasion de constructions échevelées et contribua à envoyer Giordano Bruno au bûcher. De nos jours, le cyberespace, après l'audiovisuel traditionnel, apparaît comme la forme la plus contemporaine et la plus générale de ces constructions mémorielles : un palais de mémoire étendu aux dimensions de l'ensemble de l'humanité - ou plus exactement d'une partie d'entre elle. La synthèse de grandes quantités d'informations sous forme de paysages de données, la navigation et l'action dans ces paysages, deviennent des enjeux politiques, militaires, économiques, culturels, esthétiques et autres.

L'art de la mémoire est réapparu par l'intermédiaire du monumental ouvrage de Frances Yates L'Art de la Mémoire3 (précédé par la Clavis Universalis de Paolo Rossi4, qui demeura plus confidentielle, du moins en France). Cet art est censé voir été inventé par un certain Simonide, en Grèce vers 600 avant J.C. (après l'effondrement catastrophique d'un édifice, nous dit la légende). L'un des principaux traités, le Ad Herrenium, a longtemps été attribué à Cicéron. Ce traité recommande aux orateurs de se construire mentalement un ou plusieurs lieux, et de peupler ces lieux de figures, d'images synthétisant ce dont ils doivent se souvenir. Pour pouvoir remplir cette fonction de rappel, ces images doivent être actives (" imagines agentes "), c'est à dire frapper l'imagination : obscènes, bizarres, grotesques, violentes, etc. C'est un art privé, ces images et ces lieux sont au seul usage du mnémoniste. On n'en a donc que peu d'exemples. En voici trois récents, trouvés chez Fulcanelli :

Rien ne choque davantage notre modernisme que ces pancartes de taverniers oscillant sur un axe de ferronnerie; nous y reconnaissons seulement la lettre O suivie d'un K coupé d'un trait; mais l'ivrogne du XVIe siècle ne s'y trompait pas et entrait, sans hésiter, au grand cabaret. Les " hostelleries " arboraient souvent un lion doré figé dans une pose héraldique, ce qui, pour le pérégrinant en quête de logis, signifiait qu'on " y pouvoit coucher ", grâce au double sens de l'image : au lit, on dort. "
" [Il] enseignait, le soir, aux militaires qui le désiraient, l'histoire de France, moyennant une légère rétribution, et employait une méthode qu'il affirmait connue de la plus haute antiquité... [Il]traçait au tableau noir un graphique très simplifié. Cette image, qui se gravait facilement dans la mémoire, était en quelque sorte le symbole complet du règne étudié. Le premier de ces dessins montrait un personnage debout au sommet d'une tour et tenant une torche à la main. Sur une ligne horizontale, figurative du sol, trois accessoires se côtoyaient : une chaise, une crosse, une assiette. L'explication du schéma était simple. Ce que l'homme élève dans sa main sert de phare : phare à main, Pharamond. La tour qui le supporte indique le chiffre 1 : Pharamond fut, dit-on, le premier roi de France. Enfin, la chaise, hiéroglyphe du chiffre 4, la crosse, celui du chiffre 2, l'assiette, signe du zéro, donnent le nombre 420, date présumée d'avènement du souverain légendaire... "
Il y a ici identité absolue de figuration et de sens avec la cabale exprimée dans les gravures de certains vieux ouvrages, le Songe de Polyphile en particulier. Le roi Salomon y est toujours représenté par une main tenant une branche de saule : saule à main, Salomon. Une marguerite signifie me regrette, etc. C'est ainsi qu'il convient d'analyser les dicts et manières de parler de Pantagruel et de Gargantua, si l'on veut savoir tout ce qui est " mussé " dans l'oeuvre du puissant initié que fut Rabelais. "5

Après Cicéron, on retrouve l'art de la mémoire chez Quintilien et Saint Augustin, dont La cité de Dieu peut être considérée comme l'un des premiers exemples d'urbanisme imaginaire ; puis il disparaît pendant plusieurs siècles. Il revient au moyen-âge6, par l'intermédiaire d'Albert le Grand et Thomas d'Aquin, et se matérialise dans ces livres de pierre et d'ymages que furent les cathédrales. Il s'agit de rappeler sans cesse aux fidèles (qui ne savent en général pas lire) la nécessité et les moyens de faire leur salut; d'où le recours massif aux images. Il ne s'agit plus d'un art privé, mais d'une procédure institutionnelle, liée à un appareil quasi-bureaucratique. Il ne s'agit plus d'un art intérieur, mais d'un art extériorisé, concrétisé par des bâtiments qui durent à l'époque être aussi impressionnants pour le peuple que le sont pour nous les fusées Ariane lanceuses de satellites qu'on peut voir depuis quelques années se découper sur la skyline du Bourget : dans les deux cas, il s'agit de gagner le ciel.

Presque simultanément, et indépendamment, Raymond Lulle élabora un Ars Magna (titre d'un de ses principaux ouvrages) différent, reposant non pas sur des images figuratives, mais sur la combinatoire de signes alphanumériques abstraits. Cet Art se répandit rapidement dans toute l'Europe, jusqu'en Allemagne où Nicolas de Cues s'y intéressa.

A la Renaissance se développe en Italie la magie néoplatonicienne. Outre Ficin, Pic de la Mirandole, et al.., deux figures se détachent particulièrement : Giulio Camillo et Giordano Bruno. Giulio Camillo imagina et peut-être construisit un théâtre de la mémoire vers 1550, en Italie, puis en France. Giordano Bruno tenta une synthèse hardie de l'art classique et de l'art lullien, en animant des combinatoires d'images. Après la crémation de Bruno (17 février 1600), les jésuites lancent contre les protestants une " véritable machine à images "7, la modernité s'installe en quelques dizaines d'années, et les arts de la mémoire classiques disparaissent du paysage.

Après environ trois siècles d'occultation, les arts de la mémoire reviennent au tournant du XIXe et du XXe siècles, d'abord sous le couvert du cinéma et de la psychanalyse, puis de plus en plus explicitement. Nous allons maintenant passer en revue certains de ces développements récents, qui ne sont pas dans le livre, ou si peu.




2) Développement récents

Le mouvement de redéploiement des anciens arts de la mémoire dans les nouvelles technologies s'effectue dans plusieurs directions, il n'est pas ordonné, il s'assimilerait plutôt à un processus fractal, à une percolation ; plutôt à un dégât des eaux en progression lente, qu'à une autoroute sur la route des vacances (encore que la progression là aussi soit parfois plutôt lente et chaotique, et qu'à l'inverse, il y ait des inondations brutales). Comme l'inconscient, c'est fluide, incompressible, extrêmement labile, ça se faufile partout et lorsque le furet n'a pu passer par ici, il repassera par là. On observe de façon apparemment aléatoire des résurgences, des regroupements, des concrétions et des précipitations.

En 1997 était publiée l'encyclopédie sur CD-rom et DVD Découvertes (IBM/World Book/Gallimard/Liris Interactive...), dont l'interface d'entrée était ainsi décrite dans l'émission " Net+Ultra " sur La Cinquième : " Un tunnel en 3D permet de naviguer au milieu de 120 images-mémoire ; sortes de grandes fresques animées et sonores, elles conduisent à chacun des chapitres de l'encyclopédie "8.

Le jeudi 26 avril 1998, lors d'une soirée Thema sur ARTE consacrée à la mémoire, était diffusé un documentaire d'une vingtaine de minutes intitulé Tom, une mémoire prodigieuse9, dans lequel Tom, un prétendant au livre des records, tente de mémoriser le nombre Pi, soit des dizaines de milliers de chiffres. Il explique que, pour ce faire, il associe des familles de chiffres à des lieux, mais aussi à des images choquantes, violentes ou pornographiques, entre lesquelles il effectue un " voyage " :

Je fais simplement un voyage dans ma tête... Vous pensez par exemple au Titanic, puis tout d'un coup vous passez à New-York, puis à Apollo 13, puis à la tour de Blackpool, et la tour de Blackpool vous fait penser à la tour Eiffel, donc en fait vous avez parcouru plusieurs centaines de kilomètres. Tout est bon du moment que cela fait naître en vous une autre image ; pas forcément la plus logique, mais la première image qui vous séduit...
Il faut que je fasse attention à ce que je vous dis, parce qu'un tiers de ces images est pornographique, le deuxième est très violent, et le troisième est banal. Mais des images banales peuvent être rendues violentes, tout dépend de la manière dont on les construit ; il faut les rendre violentes, ou destructrices. Quand je parle de l'image de Margaret Thatcher, qui correspond au nombre 10, je ne vois pas la Margaret Thatcher normale : je vois quelqu'un d'environ 15 mètres, qui se bat contre King-Kong,, ou Godzilla...
Ce sont les 40 ou 50 premiers chiffres ; je les ai classés par groupes de 5. Chaque groupe représente un lieu différent : celui-ci, c'est mon appartement, celui-ci la cabine téléphonique de l'autre côté de la rue, ça c'est la station de taxis de l'autre côté de la rue, ça la cuve de fuel du centre médical, et ça c'est la grande étendue d'herbe du centre médical... Il suffit juste de relier les groupes de 5 entre eux. Le premier, 31415, c'est mon petit frère qui mange un gâteau - car le mot gâteau et le nombre Pi sont homonymes, en anglais. Celui-ci est un peu grossier, je ne pourrai pas le décrire. Il y a 6 piscines (53, c'est une piscine), puis il y a 5 braquages de banques. A chaque fois que je construis ces histoires, je les relie directement aux images. Par exemple, quand je vois la cuve de fuel, c'est à dire 32384, je vois Georges Orwell, je vois le film 1984, ou le livre 1984, je vois Georges Orwell dans la cuve, couvert de pétrole, et 3 policiers qui l'arrêtent. Puis, à côté de la cuve, il y a cette grande étendue d'herbe, du centre médical ; et là, je vois un mariage, avec 6 Sylvester Stallone...
 ".

On ne peut manquer de reconnaître l'art classique de la mémoire, auquel cependant aucune référence n'est faite, ni de la part du protagoniste, ni de la part de l'interviewer (le neurologue Serge Bakchine).

Depuis quelques années, de nombreuses pages, sur le web et sur papier, affirment la parenté proche entre l'art de la mémoire et le déploiement en ligne et hors-ligne du multimédia. On en trouve maintenant dans toutes les langues occidentales10. Cette parenté est manifeste dans les tentatives de cartographier le cyberespace, de faire de l'ensemble de ses sites un système de lieux. Etant donné le caractère extrêmement mouvant et en expansion du web, ces tentatives ne peuvent que donner des résultats temporaires et partiels11. Il m'est arrivé personnellement de tomber sur un site qui recensait, sous forme d'un schéma graphique, les liaisons entre différents sites traitant des relations entre arts de la mémoire et internet : j'ai fait l'erreur de n'en pas prendre note sur-le-champ, et il m'a depuis été impossible de remettre la main dessus. Peut-être aussi a-t-il purement et simplement disparu. On trouvera des préoccupations proches dans le livre de Steven Johnson Interface Culture, How New Technology Tranforms the Way We Create and Communicate (San Francisco 1997), dont la recension en allemand par Peter Ostholt souligne la référence aux cathédrales : " "Le principe de l'architecture gothique est l'infini rendu imaginable"- Johnson utilise cette phrase de Coleridge comme cadre de ses considérations sur l'interface... "12.

Dans son article " Art de la mémoire : une autre économie des images "13, Guy Tournaye apporte encore d'autres exemples : les installations Displaced Emperors de Rafaël Lorezo-Hemmer et Worldskin de Maurice Benayoun, le projet MEMX de l'INSA Informatique de Lyon, " outil hypertexte de rééducation de la mémoire, utilisant les ressources du multimédia pour simuler sur PC "des micro-mondes" avec lesquels le patient est invité à interagir "14.

Dans la bande dessinée Sur les terres truquées, Christin et Mézières imaginent un esthète extra-terrestre qui reconstitue en animatronique et en vraie grandeur, pour tromper son ennui, certaines périodes et événements-clé de l'histoire humaine, accumulant en désordre dans différents coins de l'espace toutes sortes de monuments et lieux de mémoire : " De toute façon, voyez-vous, ce qui compte, ce n'est pas tant l'exactitude que l'imagination... "15.



2.1 Arts plastiques

L'un des premiers à avoir été fortement influencé par la publication en français du livre de Frances Yates fut Jean Dubuffet, dont les dernières oeuvres s'intitulent " Théâtres de mémoire ", " Non lieux ", " Psycho-sites "... Madeleine Bruch en parlait déjà dans ses communications au Séminaire des 3 juin et 1 juillet 1992, " Arts plastiques et communication dans le monde contemporain ", comme de " la transposition d'un nouvel espace "d'essence purement mentale", au moyen de peintures... "16. Le 1er avril 1997, Madeleine Bruch parlait aussi de l'installation de Jeffrey Shaw Place : a user's manuel (" mode d'emploi du lieu "), dérivée de l'arbre séphirothique : " Les plus anciennes représentations de l'univers organisent alors l'espace des données informatiques "17.

Encore en provenance du domaine des Arts Plastiques, il faut souligner l'attention croissante portée à Aby Warburg18, jusqu'à ces dernières années plutôt considéré comme un excentrique, ou un historien de l'art florentin prometteur, malheureusement englouti par la folie. En fait, Aby Warburg était le premier héritier d'un grande banque d'affaires de Hamburg. Il échangea son droit d'aînesse avec son frère cadet19 contre la promesse, de la part de ce dernier, de lui acheter tous les livres qu'il voudrait. Il y en eut des dizaines de milliers, qui constituèrent sa célèbre bibliothèque20, dont il réorganisait sans cesse le classement en fonction de ses recherches et de ses associations ; cette " danse des livres "21 pourrait bien lui avoir été inspirée par le rituel du serpent des indiens Hopi, qu'il été allé voir sur place en 1895. Son ultime projet, Mnémosyne, dans les années vingt, se voulait " une histoire de l'art sans texte ", une " iconologie des intervalles ", et consistait en une collection, exposable, de planches couvertes d'images en tous genres, des plus savantes aux plus quelconques. Par ces rapprochements, Warburg cherchait à créer des tensions, à faire apparaître des engrammes dynamiques, des " dynamogrammes ". On le voit, on est plus proche d'Eisenstein et de l'hypertexte que de l'histoire de l'art traditionnelle.

Toujours à propos des Arts Plastiques, une précision à propos de ce qui semble bien un thème récurrent chez William Gibson : dans " Une brève histoire du cyberespace "22, j'écrivais que, parmi les lignes d'action entremêlées du roman Count Zero, " une troisième relate la recherche de l'origine de certaines oeuvres d'art étrangement inquiétantes, à l'instigation d'une sorte d'Howard Hughes cyborguisé et conservé en cuves ". Une des origines de ces oeuvres d'art m'avait à l'époque échappé : il s'agissait d'une version cyberpunk des célèbres boîtes (" shadow boxes "23) de Joseph Cornell, minuscules théâtres de mémoire24 en réduction assemblés par une intelligence artificielle pas vraiment au mieux de sa forme25. On notera que le dernier roman de Gibson, Pattern Recognition26, reprend comme fil principal cette recherche - à nouveau par une femme, commanditée cette fois par un magnat de la publicité - " de l'origine de certaines oeuvres d'art étrangement inquiétantes ". Les oeuvres en question ne sont plus des boîtes à la Cornell, mais des séquences cinématographiques anonymement en ligne, retravaillées à l'ordinateur dans des conditions précisées à la fin du roman. Ces brèves indications devront être développées ultérieurement.



2.2 Littérature

Même si l'art de la mémoire classique disparut apparemment du paysage intellectuel au début du XVIIe siècle, on en trouve cependant des échos par la suite, et encore au XVIIIe.

Je crois qu'il faut considérer la très longue durée pour expliquer les Caractères... Je crois qu'il subsiste chez La Bruyère toute une vision médiévale, et que c'est à peine une boutade que de dire que, pour comprendre une oeuvre comme les Caractères, il est bon de relire, et même d'assez près, Dante... Chez La Bruyère, il y a encore de ce théâtre de l'univers... Évidemment, le moraliste s'appuie sur la même topique, c'est à dire le même magasin de lieux communs, que le prédicateur...
J'oppose la mémoire du théâtre au théâtre de mémoire... Mémoire du théâtre parce que La Bruyère est très proche du théâtre ; tous ses caractères sont des comédies-minute... tout est très scénique, très théâtral au sens moderne... Mais on trouve en même temps dans les Caractères ce qu'on peut appeler un théâtre de mémoire, et là, on fait allusion à tous ces arts de mémoire, qui ne sont plus tout à fait à l'honneur au XVIIe siècle comme au moment de la Renaissance, mais qui sont à mon avis encore très présents dans les Caractères
- c'est à dire que les Caractères ont aussi un aspect encyclopédique. C'est une somme. En seize chapitres, La Bruyère fait en quelque sorte le tour, il serait à peine excessif de dire que c'est le tour de l'univers ; disons si vous voulez que c'est le tour du théâtre. " 27

Horace Walpole est surtout connu comme l'auteur du Château d'Otrante (1764), que l'on s'accorde à reconnaître comme le premier roman gothique. Mais il mérite aussi de figurer dans la galerie des grandes ancêtres du multimédia par plusieurs points. On peut aussi voir dans ce château une résurgence des anciens palais imaginaires (ainsi qu'une extension littéraire de sa propriété de Strawberry Hill28), et voir dans le géant démembré dont les morceaux se manifestent aléatoirement dans le château comme une préfiguration de Frankenstein. Walpole a aussi écrit un art des jardins29, ainsi que des Contes hiéroglyphiques, dont le titre général montre un intérêt particulier aux rapports du mot et de l'image. Et surtout, il est l'inventeur de la serendipity - cette faculté de trouver ce qu'on ne cherche pas, qui est d'une si grande importance dès qu'on s'aventure sur le web. Isabelle Rieusset-Lemarié en parla plus longuement lors de la séance du Séminaire du 7 décembre 199930.

Tout récemment, on sera tout de même quelque peu surpris d'apprendre que :

Hannibal Lecter étant un grand utilisateur de l'art de Mémoire, il est intéressant de lire le troisième tome de la trilogie d'Harris Thomas. Florence y est un personnage en soi. Et Dante y est plus que cité puisque le tour de cochon de Verger [jeu de mot ?] suit à la lettre son poème, XIII-100 et suivants. Vous trouverez dans la version de poche de "Hannibal", pages 315 à 318, références à Simonide et Cicéron et une application explicite de l'art... "

(merci à Astéroïde B612 de m'avoir signalé cette référence, par un e-mail personnel du 17 juin 2003 ; les pages citées font partie du chapitre 48. Dès qu'on sait quoi et dans quelle direction chercher, on trouve tout de même plus facilement ; par exemple :)

"The spaces, the height of the palace rooms, are important to Dr. Lecter after his years of cramped confinement. More important, he feels a resonance with the palace; it is the only private building he has ever seen that approaches in dimension and detail the memory palace he has maintained since youth." - Hannibal, Chapter 21. "31



2.3 Théâtres

Après l'expression " palais de mémoire " et le nom de Simonide, le théâtre de la mémoire de Giulio Camillo semble bien une des références les plus populaires, ou les plus répandues, il n'est que de poser la question à un moteur de recherches pour s'en convaincre32. Il n'aura fallu attendre que presque 500 ans pour que l'ouvrage de Camillo L'idea del theatro soit enfin publié en français, par les bons soins des éditions Allia33. Dans sa préface, Bertrand Schefer note qu'" il est aisé d'y percevoir toutes sortes d'anticipations sur l'évolution et la classification de nos actuels moyens de communication, un garant théorique à quelques sciences modernes ou aux réalités virtuelles, en constatant ceci : Le Théâtre de la Mémoire s'est érigé sur de nouvelles bases qui constituent aujourd'hui le fondement de la pratique et du vocabulaire de la nouvelle encyclopédie : sites, icônes, fenêtres, portails, liens et hypertextes... " ; il conclut en se référant à Warburg : " Le grand projet iconologique inachevé d'Aby Warburg, Mnémosyne, plus que tout autre apparenté au théâtre de la Mémoire, en montre bien le paradoxe. La création et la manipulation des images engendrent une culture et un monde dont les représentations et la visibilité ne sont finalement destinées qu'à s'effacer progressivement pour entrer dans la Mémoire - avant de s'y perdre définitivement "34.

La transition entre les arts de la mémoire et la science moderne au début du XVIIe siècle fut assez abrupte. Un des chaînons manquants pourrait bien consister en ces " théâtres de machines " dont parlent Hélène Vérin et Luisa Dolza dans leur article " Les théâtres de machines de la Renaissance "35, et dont parle aussi Paolo Rossi au début d'un autre de ses ouvrages, La naissance de la science moderne en Europe36.

Au plan musical, il faut également citer quelques cas : une installation électroacoustique et audiovisuelle de Jean-Marc Duchenne intitulée Le Théâtre de la Mémoire37 ; la Symphonie II " La liseuse " de Brice Pauset38 ; une page de Philippe Codognet à propos de la musique samplée (électro, techno, house, dub, etc.)39 ... Les rapports entre arts de la mémoire et musique nécessiteront de toute évidence un développement spécifique. L'improvisation ne se réduit-elle pas trop souvent à la gestion des clichés - en flux tendu et temps réel ?

Le terme de " théâtre " est probablement parfois utilisé sans référence précise aux théâtres du monde de Camillo, Fludd et alia, alors même que l'idée est sous-jacente, comme par exemple dans l'ouvrage de Brenda Laurell Computers as Theater40, dont le rapport au cyberespace est évident.

Le mercredi 17 juillet 2002 à 20:45 sur ARTE était diffusé le film Carlo Giuliani, ragazzo. Carlo Giuliani est ce jeune homme tué lors des manifestations altermondialistes de Gênes , le 20 juillet 2001. Haidi Giuliani, sa mère, et Francesca Comencini, réalisatrice du film, assistées semble-t-il d'un collectif41, ont reconstitué, presque minute par minute, ses dernières heures, au moyen des nombreuses vidéos amateurs, militantes ou professionnelles tournées par les caméras présentes dans la manifestation. On s'aperçoit en visionnant le film qu'à n'importe quel moment ou presque, il était dans le champ d'une caméra ou d'une autre, le plus souvent une caméra personnelle, plus rarement une caméra " officielle ". Techniquement, ces caméras étaient des camescopes : elles ont enregistré leurs images sur des bandes, et c'est en montant ces bandes (qu'il a fallu d'abord rassembler...) qu'a été fait le film. Mais nous savons bien que maintenant, de plus en plus de téléphones mobiles intègrent une fonction " prise de vue ", limitée encore généralement à des images fixes. On peut donc supposer que dans un avenir assez proche, lors de circonstances comparables, ce sont des centaines de caméra-téléphones mobiles qui retransmettront quasiment en permanence et en temps réel les événements (il suffit de penser à l'utilisation que font les stations de radio du " téléphone des auditeurs "). Et donc un nouveau panoptique, le point de vue souvent attribué à Dieu (tout voir en même temps sous tous les angles), est en passe d'être sinon réalisé du moins approximé sur les réseaux (à supposer qu'ils fonctionnent encore). On peut aussi se demander si, dans de telles conditions, le métier d'audiovisualiste professionnel ne deviendra pas aussi obsolete que, mettons, le métier d'écrivain public ou de photographe de quartier.



2.4 Cultiver son jardin

Moins évident sont les rapports des théâtres de verdure avec l'art de la mémoire ; il sont pourtant bien attestés, au moins à l'origine. L'art de la mémoire a aussi contribué, en particulier par l'intermédiaire du Songe de Poliphile (auquel faisait déjà référence la citation de Fulcanelli ci-dessus), ou du jardin des monstres de Bomarzo, à l'élaboration de l'art des jardins. Plusieurs publications récentes sont venues renforcer cette liaison.

Dans le remarquable ouvrage L'Art des Jardins : Art et Lieu de Mémoire qu'ils ont dirigé d'après le colloque qu'ils organisèrent à Vassivière-en-Limousin (France) en septembre 1994, Monique Mosser et Philippe Nys écrivent :

Depuis l'Antiquité grecque jusqu'au XVIIème siècle, au moins, l'Art de la Mémoire comme technique Mnémotechnique s'est construit à partir de la "force des images et des lieux", images et lieux aussi bien imaginaires que réels (architectures, églises, théâtres du monde). Un lien profond unit la mise en forme des lieux et l'expérience individuelle et collective du monde. Il s'agissait aussi de mettre en ordre, de classer la diversité des choses et des événements par l'invention de lieux et d'images appropriées qui permettent la maîtrise du chaos du monde et des choses et "d'impressionner" Mnémosyne, la Mémoire, "Reine des Arts". Les Théâtres du Monde ont peut-être été les derniers lieux encyclopédiques ou de condensation et de classification des Savoirs conçus en fonction de l'Art de la Mémoire.
Un des horizons proposés à la réflexion est donc de mettre en perspective le destin et le devenir de l'Art de la Mémoire par rapport à l'Art des Jardins en tant qu'il peut être considéré comme un dispositif complexe et sophistiqué d'un point de vue hermétique, notamment en fonction des différentes interprétations du symbole, mais aussi en fonction du statut et de la mise en scène propre à l'Art des Jardins.
 "42

En 1997, à propos du labyrinthe de Versailles, Michel Conan raconte :

Il y a un moment, extraordinaire, où quatre amis inventent un nouveau type de labyrinthe... Ces quatre amis sont Mansard, Le Notre, Perrault et La Fontaine. Ces quatre hommes, qui travaillent pour Fouquet, inventent de faire un labyrinthe d'un genre totalement nouveau, dans lequel on se promènera en allant, non plus le long d'un fil, mais de salle en salle, réunies par un certain nombre de petits allées. Dans chaque salle il y aura une sorte de petite fontaine et cette fontaine illustrera un mot, exactement comme dans les arts de mémoire. Tous ces gens-là ont été dans les bonnes écoles, ils ont appris la rhétorique, ils connaissent l'art de mémoire par coeur, et par conséquent, comme chaque fontaine représente un mot, on peut jouer à toutes sortes de jeux littéraires en racontant une histoire, par exemple en s'arrêtant de fontaine en fontaine... "43

En d'autres termes, et selon la formule consacrée, le parcours engendre le discours44. Dans le n°4, été 1999, du Visiteur45, nous trouvons l'article de Sébastien Marot, " L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture ". Thierry Pacquot en rend compte en ces termes :

Sébastien Marot, fondateur et animateur de cette publication, qui affirme au fil des numéros son originalité, publie un long article (de la page 114 à la page 176 avec 90 notes) intitulé " L'Art de la mémoire, le territoire et l'architecture ". Cet article vise à construire une nouvelle " discipline ", le suburbanisme, qui est l'urbanisme du périurbain, des paysages rurbains, des entre-deux et des réseaux, en relation avec la ville-à-l'ancienne. Pour explorer une telle démarche, l'auteur associe plusieurs références : L'Art de la mémoire de Frances Yates, Malaise dans la civilisation de Sigmund Freud et La Mémoire collective de Maurice Halbwachs. "46

On répète souvent une célèbre formule de Henri Frédéric Amiel, vaguement romantique : " un paysage quelconque est un état de l'âme "47. On voit bien que de plus, certains paysages particulièrement structurés non seulement sont des états, mais résultent d'une construction délibérée : ils ont directement trait à l'organisation de l'espace mental, ce sont des réalisations d'espaces imaginaires élaborés à partir de données réelles : " Par la tridimensionalisation des bases de données, les data y deviennent à proprement parler un "paysage". Nous ne sommes plus "devant", nous ne faisons plus face à une page ou à un écran couverts de signes et symboles, images ou textes, mais au contraire nous nous déplaçons à l'intérieur d'une base d'informations en communication directe par manipulation de l'environnement sensible immédiat "48. Ces environnements synthétiques pourraient même tendre à l'interactivité ; Howard Rheingold propose ainsi une mini-expérience haptique à réaliser chez soi :

...il vous faut un crayon ou un stylo et une surface striée, comme un morceau de carton ondulé ou la tranche d'un jeu de cartes. Faites passer le stylo sur les stries et concentrez-vous sur la sensation éprouvée au bout des doigts. Représentez-vous maintenant un agrandissement à grande échelle de cette surface striée, avec ses " collines " et ses " vallées ". Pensez ensuite à la manière dont le stylo résiste à vos efforts pour lui faire monter la pente de chaque strie - de chaque colline, pour reprendre l'image de votre agrandissement mental. (...) Si le mouvement de ce stylo peut être modélisé dans l'ordinateur et si une coupe de la texture peut l'être également, la synthèse de ce modèle peut servir à déterminer la puissance à appliquer à de petits moteurs qui résisteraient à la poussée sur le manche. "49

Tout cela témoigne au moins d'une relativement nouvelle façon de considérer l'art des jardins et des paysages50, l'architecture51, et finalement l'urbanisme52. Depuis juin 1995,, les amateurs de télécommande robotique et horticole peuvent télé-cultiver leur jardin distant, actuellement en http://telegarden.aec.at/ . A propos du " contrôle externe des organisations publiques ", on a pu qualifier le système d'information comptable de la ville de New-York au début des années 1970 de " paysage surréaliste de Salvatore Dali "53. On peut rêver à une cyberdémocratie54 directe électronique et interactive, à quelque chose qui soit au prolétariat du XXIe siècle ce que l'usine, la bourse du travail ou la mairie furent au prolétariat du XIXe et du XXe, mais il faut prendre garde aux réactions trop instantanées des cliqueurs impulsifs. Les crises boursières de ces dernières décennies nous ont montré les fluctuations catastrophiques qui peuvent en découler. Il y a certainement des enseignements à en tirer en ce qui concerne l'élaboration des data-landscapes, des paysages de données interactifs, en particulier en ce qui concerne les temps de parcours, de réflexion, de décision de réaction et d'interaction.



2.5 Situlogie

Cette question des relations entre arts de la mémoire et organisation spatiale pointe vers une autre question, qui ne concerne pas directement les " nouvelles technologies ", mais qui me semble mériter d'être mentionnée : celle de la psycho-géographie, qu'on pourrait aussi appeler situlogie.

L'avant-dernière partie du livre, consacrée à l'histoire du cyberespace, s'intitule " Kyberspass " (du grec cyber, gouverne, et de l'allemand Spass, bonne blague). A ma connaissance, il n'y a pas de rapport direct, conscient, entre cette (lamentable) plaisanterie et le Khyber Pass, principal défilé de passage entre le Pakistan et l'Afghanistan, dont j'avais certainement entendu parler auparavant, mais dont j'avais complètement oublié l'existence à l'époque55. Après le " grand jeu "56 qui opposa Anglais et Russes en Afghanistan au XIXe siècle, des événements récents ont à nouveau braqué les projecteurs de l'actualité sur cette région ; on ne peut donc exclure une résurgence inconsciente dans l'élaboration du jeu de mots. En rapport avec les mêmes événements, j'ai aussi un moment envisagé d'utiliser comme couverture de l'ouvrage une image des tours du World Trade Center en train de s'effondrer, image qui me semble avoir quelque rapport avec la légende de Simonide ; j'y ai renoncé, considérant que l'éditeur risquait de n'être pas d'accord, ce qui aurait entraîné un nouveau retard peut-être définitif, et surtout qu'une telle couverture risquait d'entraîner de graves mésinterprétations chez les autres récepteurs. Une autre hypothèse, aussitôt écartée pour des questions de droits, aurait été l'un des tableaux de Salvador Dali Persistance de la mémoire ou Prémonition de la guerre civile.

Un autre clignotant rouge s'est allumé avec l'apparition, lors des recherches avec le mot clé " Simonide ", de la reine serbe Simonida, fondatrice du monastère de Gracanica. Ce bâtiment, inscrit par l'UNESCO sur la liste des monuments appartenant à l'héritage culturel mondial, fut construit à quelques kilomètres au sud de Pristina, en plein Kossovo, en 1321, soit 68 ans avant la bataille du Champ des Merles (1389). Six siècles après, en 1989, c'est au Champ des Merles que Milosevic prononça le discours qui allait lancer la mise à feu et à sang de la Yougoslavie.

Bien sûr, dans le fait d'être renvoyé à ces lopins de terre chargés d'histoire, on peut et même on doit ne voir, au premier niveau, le plus pragmatique, que coïncidences curieuses et associations libres. Mais ces associations sont-elles si libres, ces coïncidences sont-elles seulement de hasard ? Les réponses à la requête " Simonide " se répartissent en un très petit nombre de catégories : il y a le Simonide de la légende de l'art de la mémoire, cette reine Simonida, un violoniste de la Scala de Milan (Simonide Branconi), les " Étranges et Merveilleuses Aventures de Don Simonides " publiées en espagnol et en Angleterre sous la plume de Bernabe Rich par Robert Wally en 1581 et 158457, et c'est à peu près tout. Y avait-il un sens caché ou symbolique dans le choix de ce nom pour cette reine ? Peut-être un spécialiste du Moyen-âge serbe le saurait-il. Quoi qu'il en soit, le simple usage des moteurs de recherche induit à penser que maintenant, il y en a un : les phénomènes de contiguïté sur le web font apparaître du sens (du pseudo-sens ? des projections de la part de l'internaute ?) là où, logiquement et positivistement, il n'y en a pas. La contiguïté contingente sur le web (osera-t-on parler de " continguïté " ?) relance ainsi un mécanisme bien connu de la pensée magique, la contamination sémantique. Ce n'est certes ni très scientifique, ni très rationnel, mais c'est réel. On touche là à des zones à haute tension, très sensibles, à la fois plutôt archaïques, et en prise directe avec l'actualité la plus brûlante (parmi les adresses liées à Simonide, il y a aussi un musée virtuel de l'histoire militaire, à cause du poème de Simonide sur les Thermopyles : http://www.simonides.org). Ainsi se condensent, sans raisons explicites mais avec la force de l'évidence, des lieux privilégiés où se nouent inextricablement l'espace géographique " réel " et l'inconscient collectif, " imaginaire ". Peut-on avancer le mot-valise d'" imaginairéel " ? L'exploration du web, qui nous serine-t-on abolit l'espace géographique, est aussi exploration de l'inconscient collectif. Dans cette continguïté imaginairéelle, sérendipité et synchronicité riment sous terre, et font des vers.



2.6 Divers

Au fil de la discussion qui se développe avec la salle, d'autres questions reviennent ou apparaissent :



2.7) Documents de synthèse

Ce point me semble nécessiter quelques développement particuliers.

On a connu les photos retouchées des régimes totalitaires des années 1940 et 1950 ; au gré des luttes de pouvoir à l'intérieur de l'appareil bureaucratique, tel ou tel personnage apparaissait, disparaissait sur les photos officielles (seulement les photos : les films une fois tournés étaient moins faciles à truquer en ce temps-là).

On se rappelle le Ministère de la Vérité, dans le 1984 d'Orwell, dont les employés sont sans cesse occupés à réécrire le passé, afin de le faire coller aux fluctuations de l'actualité (à la fin des années 1990, l'Etat français envisagea un moment de reconvertir son Ministère des Anciens Combattants en " Ministère de la Mémoire "66).

Dès 1969, l'utilisation systématique d'actualités vidéo synthétisées par ordinateur était déjà largement décrite dans le roman de John Brunner L'orbite déchiquetée67, sur fond de communautarisme, d'armement généralisé de la population, d'émeutes raciales et de femmes lourdement voilées.

Le 12 octobre 1994, dans le générique de " La marche du siècle " sur France-2, quelques barbes étaient ajoutées à des jeunes de banlieue pour en faire des islamistes ; un léger scandale s'ensuivit.

Fin 1996, une " affaire Karl Zéro " secoua Canal+ et défraya la chronique franco-française : le 27 octobre, dans " Le vrai journal ", les téléspectateurs avaient pu voir une parodie de Pulp Fiction intitulée Peuple Fiction, réalisée en images truquées, dans laquelle le Président de la République et deux hauts membres de son parti étaient abattus par des envoyés du peuple mécontent de la non-tenue des promesses électorales68. Le CSA s'en émut, et l'émission de Karl Zéro en fut suspendue 4 semaines.

Le lundi 24 mars 1997 vers 20:35, dans " Le Grand Débat " de France-Culture intitulé " Faut-il fermer la télé ? ", Hervé Brusini, ancien rédacteur en chef du 20 heures de France-2, s'interrogeait de la sorte :

"On est face à des problèmes de nature totalement abstraite. A des paramètres de la société qui font que vous ne pouvez pas aller à leur rencontre par du reportage. C'est de l'explication qui manie des grandes masses. Par exemple, Vilwoorde. Vilwoorde ne s'explique pas simplement par un reportage à Vilwoorde, mais il y a aussi tout le problème de la concurrence mondiale sur l'automobile, le problème de la stratégie d'une grande entreprise multinationale, il y a des tas de problèmes, d'accord ? Donc on doit inventer une forme à la télévision, particulière, pour être au plus près de ce domaine-là, qui est d'abstraction pure, de grands enjeux économiques. Et moi, j'avais presque envie de faire un truc que certains auraient peut-être pu trouver absolument monstrueux, qui consistait à faire entrer le domaine du virtuel, de l'image virtuelle, dans l'explication sur ces grandes masses. Parce que nous n'avons pas d'images à la télévision là-dessus. Et un monsieur qui va causer pendant 3 minutes va pouvoir certainement être très intéressant, mais néanmoins il y a un certain nombre de notions très particulières à extraire de ce discours, qu'une certaine mise en forme pourrait faire mieux comprendre. Le problème du déficit de la sécurité sociale, c'est un problème extrêmement complexe à illustrer à la télévision. Moi je n'ai jamais tourné avec une caméra le déficit de la sécurité sociale, et pourtant le soir, il faut que je lui donne une image. Et je pense que là-dessus, il y a un travail de réflexion considérable à mener pour les journalistes de la télévision, et même pour les universitaires qui peuvent très certainement nous aider."

Le problème est clairement posé : si l'on n'a pas d'images, il faut les fabriquer. Sont-ce pour autant des " faux ", des bidonnages ? Pas nécessairement. La visualisation peut être " correcte ", " scientifique ", " adéquate aux faits " (qui résultent eux-mêmes d'une construction, d'une fabrication ; à peu près tout " fait " est un fétiche ; le fait brut, sans qu'il y ait besoin de l'épurer, est rarissime). Il peut aussi s'agir d'améliorer des documents pré-existants, de les commenter.... Il n'empêche que la question est déontologiquement scabreuse. L'Agence Française de Presse devait y répondre dès l'année suivante en présentant, lors d'Imagina 199869, ses images d'actualité de synthèse. L'une des premières utilisations en vraie grandeur, gratuitement pour commencer, concerna la reprise des bombardements sur Badgag en décembre 199870.

Claude Lanzmann, on le sait, a totalement refusé toute reconstitution ou image d'actualité dans Shoah. A l'inverse, pour La Liste de Schindler, Steven Spielberg a opté pour la reconstitution du camp de concentration, ce qui lui a valu de se retrouver dans la situation du SS triant les arrivants au camp : ceux qui ont une tête de juif, à droite, les autres, à gauche (car dans ce style de cinéma, il faut bien que les gens qu'on voit à l'image soient typés, afin que le public s'y retrouve).

Entre montrer ou refuser de montrer, Roni Brauman et Eyal Sivan71, en retravaillant les images du procès Eichman pour leur film Un Spécialiste, ont ouvert une troisième voie... et suscité la polémique. Laetitia Mikles en a déjà parlé ici-même72. Il faut souligner que la réalisation de ce film, aussi critiquable soit-elle, a probablement au moins permis de sauvegarder les archives vidéo du procès. Les tout derniers plans du film sont particulièrement démonstratifs des problèmes posés. On est en noir et blanc, en gros plan sur le visage d'Eichman, qui prononce sa déclaration finale (" j'ai fait mon devoir, conformément aux ordres "...) ; le discours devient haché, répétitif. Plan général, image figée d'Eichman derrière sa table, dans sa cage de verre blindé, avec ses gardiens ; début d'un lent zoom avant (on entend un train rouler dans la bande-son) ; les gardiens, la cage, les dossiers sur la table, tout disparaît peu à peu, ne reste plus qu'Eichman, en plan moyen, devant la table qui s'élargit indéfiniment ; l'image passe à la couleur pendant une brève seconde (la table rase est rouge sombre). Noir. Une musique guillerette démarre sur le même rythme que le train. Générique de fin.

L'intention du message final est claire : l'archétype du bureaucrate banal, incarnation du mal, n'est plus enfermé dans le passé, il est à nouveau présent, libre, parmi nous, bien vivant, et dangereux.

On entend souvent vitupérer la colorisation des vieux films. Dans le cas du Spécialiste, la brève colorisation finale vise à produite un effet justifié, aussi brutal et efficace que le passage à la couleur pour la séquence finale du Valparaiso de Joris Ivens (à noter que dans l'un et l'autre cas, la couleur rouge est mise en avant : le présent, c'est le sang ?).

On nous presse régulièrement de remplir notre devoir de mémoire. Malheureusement, la plupart du temps, ce devoir ne consiste pas à faire un usage critique et créatif de notre mémoire, mais à se rappeler certains événements (parfois d'ailleurs tout à fait mémorables) et, ce qui est plus grave, à se les rappeler selon un certain éclairage. Mieux vaudrait, en assumant les risques que cela comporte, inciter au devo@rt de mémoire.




3) Le point à l'été 2003

Le livre est sorti depuis déjà plus d'un an.

En 2000, 00h00 a été acheté par Gemstar, dans la perspective de développement de l'e-book. Comme on sait, ce développement se fait plutôt attendre73. D'une part, la tradition de gratuité sur le net a la vie dure, et d'autre part, si l'on veut un exemplaire-papier, il revient moins cher d'acheter le bouquin que de l'imprimer et le relier soi-même (à moins d'opérer au bureau...). De plus, le résultat est plus pratique, plus maniable, et de meilleure qualité (ce qu'ont fort bien compris Denoël et Laurent Chemla : les Confessions d'un voleur sont librement téléchargeables sur le net74, en tant que promotion pour les ventes sur papier).

En conséquence de quoi, après Cytale et quelques autres, 00h00 fermait ses portes, sur décision de Gemstar, en juin 2003.

Cinquante-quatre exemplaires ont été vendus (42 sous forme papier et 12 sous forme électronique), ce qui n'est pas déshonorant75 pour un livre n'ayant bénéficié d'aucune promotion ni d'aucune mise en place en librairie (dans l'attente de l'e-book, il n'y avait même plus d'attachée de presse).

Avec le recul, on commence à voir les défauts et les manques de l'ouvrage. Il y a d'abord les impasses, au nombre de trois :

Il me semble qu'il convient de continuer pour l'instant à faire les deux premières de ces impasses, ou, plus exactement, à s'en tenir à ce que Marcel Duchamp appelait, ou à peu près, " l'absence de considérations de cet ordre ".

En revanche, il manque de toute évidence une sorte de déclaration de politique générale. La redécouverte des arts de mémoire, et leur extension au cyberespace, me semblent entraîner des conséquences et nécessiter des prises de positions aux différents plans politiques, idéologiques, éthiques, déontologiques et autres. Bien sûr de telles orientations sont présentes tout au long de l'ouvrage, dans les références, les sous-entendus, les private jokes, etc. Mais enfin, un peu d'explicite n'eût pas fait de mal.

Les arts de la mémoire, par eux-mêmes, n'ont pas d'orientation politique propre. Dans leur usage individuel, ils ont probablement servi de tout temps aux individus à sauvegarder leurs privautés. Mais on les a vus aussi servir les visées de l'église au moyen âge, et celles d'autres forces sociales, économiques et politiques depuis. Le produit des créativités individuelles peut être saisi par une entreprise ou un appareil institutionnel, et retourné contre ceux-là mêmes qui avaient contribué à l'élaborer (retournement opéré pour leur bien, nul n'en doute) ; cela s'appelle de la récupération.

On peut se demander si la pression exercée par l'art officiel de la mémoire (télévision, festivités commémoratives diverses, publicité...) n'est pas telle qu'elle interférerait avec la pratique individuelle des arts (largement inconsciente de nos jours), au point même d'oblitérer la possibilité d'une telle pratique. L'abondance, la rigidité et l'homogénéité des représentations et visibilités proposées par le spectacle laissent-elles encore la place à des élaborations privées ? Nos concitoyens ont-ils encore, dans leur majorité, le pouvoir de se construire leur propre palais de mémoire personnel, si petit soit-il ?

De tous temps, les humains se sont construit des mots, des langages, des images, des fantasmes n'appartenant pas au répertoire (souvent remarquablement appauvri et gélifié) qui leur était proposé ou imposé, et se les sont accommodés à leurs sauces personnelles. Si ces élaborations ne peuvent plus trouver à s'exprimer dans des formes socialement admises, si elles n'ont même plus le matériau nécessaire à leur disposition, alors, le spectacle devient à ces élaborations ce que la langue de bois est au langage populaire dans un régime bureaucratique. Au plan du langage, les sujets d'un régime bureaucratique n'ont comme matériau linguistique mis à leur disposition que la langue de bois, la novlangue. De même au plan des images, les sujets du spectacle n'ont à leur disposition pour s'exprimer que le matériau iconique fourni par le spectacle : une novlangue de l'image, une langue de bois des images (qui a déjà existé : traditionnellement, l'icône orthodoxe est peinte sur bois).

Donc, lorsque l'élaboration des palais de mémoire personnels est empêchée, la nécessité vitale de l'élaboration de la mémoire, quand même, se manifeste par la manie de la généalogie, les résidences secondaires " Mon rêve " et " Sam'suffit ", la publication des albums de famille, des photos de vacances et des weblogs sur le net, et parfois par des explosions de violence plus ou moins contrôlée contre les icônes spectaculairement correctes.

Les nouvelles technologies participent-elles de cet appauvrissement du langage (?) de l'image ? Certes, il y a des millions de sites personnels, et ces sites personnels sont globalement la partie la plus consultée du net, celle qui génère le plus grand trafic. Mais on ne peut que déplorer leur fréquente déficience organisationnelle : les images, les textes, les éléments ne sont le plus souvent pas présentés de façon ordonnée, articulée, structurée, travaillée... (ce qui serait un film, ou un palais de mémoire ), ils sont vaguement rangés, en une sorte d'accès interactif faible. Mais sont-ce les nouvelles technologies la cause de cela, ou simplement les webmestres qui sont nuls (et à qui on a fait croire qu'ils allaient devenir en 2 clics et 3 couper-coller des auteurs à part entière) ?

La plupart des gens s'expriment sur le web selon des formes stéréotypées : les sites personnels se ressemblent presque tous et à la longue génèrent l'ennui. Les rares sites personnels réellement créatifs, ou les actions de certains hackers, sont à la novlangue de l'image ce que la poésie est à la langue de bois.

Debord note qu'" un Etat, dans la gestion duquel s'installe durablement un grand déficit de connaissances historiques, ne peut plus être conduit stratégiquement "76... sauf à supposer qu'il existe quelque part une maffia de kybernators secrets, qui se réservent le monopole de la mémoire historique et organisent le chaos pour le reste du monde. C'est ce que suggère Jordi Vidal77, qui reconnaît toutefois lui-même qu'" on peut être sceptique sur cette interprétation souterraine de l'histoire " (p.52). Reste que le chaos, déterministe ou non, se caractérise en particulier par la perte de la mémoire de ses conditions initiales.

Retrouver un usage créatif et critique de la mémoire est une nécessité vitale, peut-être encore plus de nos jours que d'habitude.


Une autre constatation, critique, s'impose : de nouveaux détails, de nouveaux exemples viennent s'ajouter sans cesse au corpus déjà rassemblé. L'ennui est qu'ils n'apportent rien de bien nouveau. Il y en a de plus en plus, mais ils se ressemblent tous. Tout le monde partage les mêmes références. Une fois qu'on a cité Simonide, Cicéron, Camillo, Bruno, Matteo Ricci, Yates et quelques autres, on a fait le plein. Une fois qu'on a exhibé quelque nouvelle image plus ou moins (inter)active, qu'a-t-on fait de plus ou de mieux que ce qui existait déjà ? Pas grand-chose. Je ne peux me défaire de l'impression désagréable que cette affaire d'arts de la mémoire et de nouvelles technologies commence non seulement à tourner rond, mais aussi et surtout à tourner en rond.

La question est-elle encore d'actualité ? Chacun/e peut désormais se forger son opinion sur le web. A la date du 17 octobre 2003, le site de 00h00.com, bien que désormais sans activité commerciale, reste ouvert " uniquement à des fins de consultation ", et le livre Nouvelles Technologies et arts de la mémoire y est présenté en http://www.00h00.com/direct.cfm?titre=4805021301. Les dernières nouvelles du livre, et le livre lui-même, sont en ligne en http://simonide.net/ntam/ . Dans la mesure de mes possibilités, le domaine http://simonide.net sera lui-même maintenu, et son développement poursuivi, sans date d'arrêt actuellement prévisible. Le cyberespace apparaît comme la forme la plus développée du spectacle. Tendanciellement, son centre est partout et sa circonférence nulle part. Seule l'interactivité, qui lui est consubstantielle par construction, garantira peut-être à l'internaute de devenir autre chose qu'un consommateur dont l'être se réduit à un clic.




 

1  Il serait fastidieux, et quelque peu relou, de détailler ici le contenu du livre ; en voici donc simplement la racine du sommaire :
Préambule (Marie Escarabajal, Alain Montesse)
" La machine à mémoire " (Alain Montesse)
Journées d'études de Valenciennes (2 avril 1997 et 4 mars 1998)
" Cicéron aurait-il préconisé le cédérom dans De Oratore ? " (Henri Hudrisier)
" Le catalogue en images de la bibliothèque de Valenciennes " (Marie-Pierre Dion)
" Xanadu, et quelques autres palais de mémoire cinématographiques " (Alain Montesse)
" Alinari 2000 : sauvons notre mémoire " (Frédérique Le Goascoz)
" Borges ou la bibliothèque infinie " (Anne-Sophie Benoît)
" O'Kamieniu " (René Caprera, Thierry Dupas, Grégory Korzeniowski)
" Métaphores architecturales pour mémoires artificielles " (Roland Decaudin)
" Kyberspass " (Alain Montesse)
" Pour la suite du monde " (Alain Montesse)
Annexes : bibliographie, iconographie, médiographie

2  Actes 1993-1994, Ed. Paris 7, 1994 ; http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac9394/ 02ac9394am.htm

3  Frances Yates, L'Art de la mémoire, Gallimard, Paris, 1975, trad. de Daniel Arasse ; The Art of Memory, Londres, Routledge and Kegan, 1966 ; recension par Jean-Michel Maulpoix en http://www.maulpoix.net/memoire.html (NRF n°275, juillet 1975). Le 26 août 2003 vers 8:25, on pouvait entendre sur France-Culture Daniel Arasse se souvenir de la fascination qu'il avait éprouvée à la rencontre de ce livre.

4  Paolo Rossi, Clavis Universalis, Sociétà Editrice Il Mulino, 1983, http://www.mulino.it/edizioni/volumi/scheda_volume.php?vista=scheda&ISBNART=07647-6 ; Éd. Jérôme Millon, Grenoble, 1993, http://www.millon.com/collections/philosophie/krisis/clavisuniveral.html ; http://www.complete-review.com/reviews/divphil/rossip.htm  ; http://www.press.uchicago.edu/cgi-bin/hfs.cgi/00/14148.ctl

5  Fulcanelli, Les demeures philosophales, t.1, J.J. Pauvert, Paris 1964, pp.149-154.

6  Sur les arts de la mémoire au moyen-âge viennent d'être publiés en France deux ouvrages de première importance de Mary Carruthers, jusqu'alors pratiquement ignorés : Le livre de la mémoire (la mémoire dans la culture médiévale), Macula, 2002 (The Book of Memory, 1990) ; et Machina memorialis (Méditation, rhétorique et fabrication des images au Moyen-Age) , Gallimard, 2002 (The Craft of Thought, 1998)  ; présentations respectivement par Roger Chartier et Jean-Claude Schmitt, Le Monde du 24 janvier 2003, p.IX.

7  Alain Tapié, http://www.ville-caen.fr/Infos_mairie/info/CaenMag/Precedente/60/actualite1.htm ; re-écouter aussi sa présentation du Sang du Christ, de Guillaume Courtois, dans l'émission de Pascale Lismonde " Clin d'oeil ", France-Culture, samedi 13 septembre 2003, 8:45 (image en http://www.latribunedelart.com/Expositions%20-%20Baroque%20vision%20jesuite.htm , autre entretien en http://www.latribunedelart.com/Entretien%20Alain%20Tapie.htm ).

8  Net+Ultra, 11 novembre 1997, 10:15, La Cinquième. Le site internet de l'émission a malheureusement été depuis effacé, lors d'une réorganisation de la chaîne, nous privant ainsi de nombreux liens et références précieuses, et renvoyant au quasi-néant tout le travail antérieur de l'équipe. On ne peut que souligner une telle qualité de service public.

9  Production : Les Films de l'Arlequin, 23 rue Meslay, 75003 Paris ; réalisation : Gérard Poitou-Weber.

10  " Arts de la mémoire en ligne ", Alain Montesse, communication au troisième congrès du GRIMH (Groupe de Recherches sur l'Image dans le Monde Hispanique), Lyon, 21-23 novembre 2002, à paraître ; quelques exemples entre autres :
http://141.20.150.19/pm/Pub/A_33.html
http://people.etnoteam.it/maiocchi/iperfilos/3ab-Gen.htm
http://www.ba.infn.it/~zito/memoria/p05.html
http://mappa.mundi.net/cartography/Palace/index.html
http://www.mit.edu/people/davis/ImageLearn.html
http://ali.www.media.mit.edu/~flavia/CityOfNews.html
http://www.jamillan.com/para_can.htm
http://www.facom.ufba.br/pesq/cyber/lemos/estrcy1.html
http://www.btk.elte.hu/celia/regimod/dobolan.htm
http://mujweb.cz/www/krepsj/Camillo/Camillo.htm

11  Pour les tentatives de cartographie automatique du web, voir par exemple, en anglais, un " Atlas des Cyberespaces " en http://www.geog.ucl.ac.uk/casa/martin/atlas/atlas.html, ou la liste de discussion http://www.jiscmail.ac.uk/lists/mapping-cyberspace.html ; en français, voir l'interface de réponse du moteur de recherches http://www.kartoo.com (par exemple à la requête "mapping of the web").

12 "The principle of gothic architecture is infinity made imaginable" - Johnson benutzt diesen Satz von Coleridge als Rahmen seiner Betrachtung über das Interface... ", http://www.uni-muenster.de/EuropeanPopularScience/telewissen/topologies/johnson.htm

13  Article publié sous le titre " Travelling mental " dans le numéro 16 (sur les " Images mentales ") de la revue d'art contemporain Bloc-Notes, Paris, février 1999, p.226 (" La revue n'existe plus, ses fondateurs (les critiques d'art Franck Perrin et Armelle Leturcq) l'ayant fusionnée avec le magazine Crash (www.crash.fr). Les contacter directement pour se procurer d'anciens numéros... ", e-mail personnel du 31 août 2002).

14  Rafaël Lozano-Hemmer : Displaced Emperors, festival d'art électronique de Linz, septembre 1997, http://www.aec.at ; " Architecture relationnelle ", Actes d'Imagina, 1998 ; http://xarch.tu-graz.ac.at/filmarc/fest/fa3/inst-fear.html ; http://amsterdam.nettime.org/Lists-Archives/nettime-l-9801/msg00056.html ;
Maurice Benayoun, http://www.benayoun.com, " La peau du virtuel ", Actes d'Imagina, 1998 ;
Sophie Delouis & Jacques Kouloumdjian, " MemX, techniques hypertexte & multimédia pour la rééducation de la mémoire ", Actes du Colloque " Interface des Mondes Réels & Virtuels ", 1992.

15  Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, Sur les terres truquées, Dargaud, Paris, 1977 ; arrivée de l'astronef dans le bric-à-brac de mémoire en http://www.noosfere.org/mezieres/Images/planches/val07p02.jpg, puis http://www.ubcfumetti.com/val/7e_big.jpg ; commentaires de Laureline en http://alanora.free.fr/ancien/BD/valerian/valbums/v07/xtrait07.htm

16  Actes 1992-1993 du Séminaire, http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac9293/03ac9293mb.htm

17  Actes 1996-1997 du Séminaire, http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac9697/12ac9697mb.htm ; voir aussi Anne-Marie Duguet, " Jeffrey Shaw : from Expanded Cinema to Virtual Reality ", http://www.ciren.org/artifice/artifices_4/duguet.html .

18  Cf. Philippe Alain Michaud, Aby Warburg et l'image en mouvement, Macula, Paris, 1998 ; Georges Didi-Huberman, L'image Survivante : histoire de l'art au temps des fantômes selon Aby Warburg, Editions de Minuit, Paris, 2002...

19  Jacques Attali a publié une biographie d'un autre membre de la famille (Un homme d'influence (Sir Siegmund G Warburg, 1902-1982), Fayard , Paris 1992), où Aby est n'apparaît que très ponctuellement au détour de quelques paragraphes (pp.68-69, 77, 91, 108...).

20  Le samedi 29 avril 2000 vers 21:35 dans Metropolis sur ARTE, Raymond Klibansky parlait de la Kunstwissenschaftliche Bibliothek de Warburg, et de son déménagement vers Londres pour échapper au nazisme : " En 1933, après ce qui s'était passé à Heidelberg, j'ai pris le train pour Hamburg, et j'ai dit à la direction "vous ne pouvez pas rester en Allemagne : ça deviendra pire, et encore pire... Où aller ?..." ". A Londres, cette "  bibliothèque des sciences de l'art " deviendra l'Institut Warburg, haut-lieu de naissance de l'iconologie, qui a donné au monde Frances Yates, Erwin Panofsky, et quelques autres.

21  Hypothèse avancée par Philippe Alain Michaud dans Peinture fraîche, émission de France-Culture, mercredi 3 juin 1998, 15:30.

22  " Une brève histoire du cyberespace ", in Actes du colloque " L'Image de Synthèse : valeur scientifique, valeur esthétique ", 5 février 1994, Editions de l'Université Paris-VII Denis-Diderot, Paris 1994 ; http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/synthese/cybstory.htm . Voir aussi un complément dans la note 19 de " Iconoclasme, spectacle, cyberespace ", Actes 2000-2001 du Séminaire, http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac0001/isc_montesse.htm#n19 .

23  Outre les musées, on peut voir des boites de Cornell sur le web, par exemple en http://www.gu.edu.au/school/fmc/fmc1007/hypermedia.pdf. A signaler aussi, Screen de Brad Todd, boite animée post-cornellienne (http://www.oboro.net/main/top/pdf/oboro_brochure_0203.pdf).

24  Une sélection de lettres et journaux de Joseph Cornell a été publiée par Mary Ann Caws sous le titre Joseph Cornell's Theater of the Mind (Thames & Hudson, October 2000), titre traduit par " théâtre de la mémoire " dans l'émission Le gai savoir de France-Culture, le jeudi 9/1/2003 vers 21:50, à propos du livre de Annette et Luc Vezin Égéries : dans l'ombre des créateurs, La Martinière, Paris 2002.

25  Pour les relations entre Gibson et Cornell, voir par exemple " Antimancer : Cybernetics and Art in Gibson's Count Zero ", Istvan Csicsery-Ronay Jr., Science Fiction Studies #65, Volume 22, Part 1, March 1995, http://www.depauw.edu/sfs/backissues/65/icr65art.htm : Marly (l'héroïne), " traînant derrière elle une vie hésitante et brisée, se voit offrir sa propre boîte de Cornell, résumé métonymique de sa vie, fragments de son existence rendus cohérent par l'art de la mémoire de l'intelligence artificielle " (" trailing a hesitant and broken life behind her,(...) is given her own Cornell box, which is a metonymic summary of her life, fragments of her existence rendered coherent by the AI's art of memory. ").

26  William Gibson, Pattern Recognition, Penguin Books, 2003, ISBN 0-670-87561-9 .

27  Louis van Delft, entretien in " Les chemins de la connaissance : Les Caractères ou le spectacle du monde ", France-Culture, jeudi 14 novembre 1996 à 10:30. Dans son article " L'idée du theatre " (Revue d'Histoire Littéraire de la France, n°5, PUF 2001, p.1349-1365), Louis van Delft recense une bibliographie de pas moins de 167 titre d'ouvrages publiés en Europe entre le XVe et le XVIIIe siècle, intitulés Theatrum, Theater, Théâtre, Theatre, Theatro, Teatro... (http://web17.free.fr/D007/200/2900.htm, http://www.fabula.org/actualites/article2811.php

28  Photo en http://www.guidetorichmond.co.uk/strawberry.html

29  Horace Walpole, Essay on Modern Gardening, Strawberry Hill, 1785 ; Essai sur l'Art des Jardins Modernes, Ed. Gérard Monfort, Paris 2000. Selon la bibliographie de http://www.fredericbonnet.com/eacf/reference/biblipaysage.html , cette traduction française est commentée par la traduction d'un article de 1994 " Horace Walpole and eighteenth century garden history " publié - encore un recoupement - par le Warburg Institute.

30  " Narrativité et réticularité sur internet : une école du raisonnement, de la sérendipité aux légendes urbaines ", Isabelle Rieusset-Lemarié, Actes 1999-2000 du Séminaire, http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac9900/serendipurb_rieusset.htm .Voir aussi " Peut-on programmer la sérendipité ? L'ordinateur, le droit et l'interprétation de l'inattendu ", Pek van Andel et Danièle Bourcier, http://www.reds.msh-paris.fr/communication/textes/serendip.htm .

31  http://www.pentaone.com/hannibal/memorypalace.shtml : " Les espaces, la hauteur des salles du palais, sont importants pour le Dr. Lecter, après ses années de confinement. Plus important encore, il se sent en résonance avec le palais, c'est le seul bâtiment privé qu'il ait jamais vu, qui approche en dimension et en détail le palais de mémoire qu'il a maintenu depuis sa jeunesse ".

32  Interrogation de Google le 2 septembre 2003 :
- à la requête "memory palace", 3650 réponses dont 25 sur des sites francophones ;
- à la requête "palais de mémoire", 47 réponses, dont 43 sur des sites francophones ;
- à la requête " Simonide ", 2410 réponses, dont 759 sur des sites francophones ;
- à la requête "Giulio Camillo", 832 réponses, dont 63 sur des sites francophones ;
- à la requête "théâtre de la mémoire", 317 réponses, dont 285 sur des sites francophones ;
- à la requête "theater of memory", 444 réponses, dont 5 sur des sites francophones ;
- à la requête "memory theater", 642 réponses, dont 4 sur des sites francophones.
De toute évidence, dès qu'on quitte les noms propres, il se pose un problème de traduction, que l'usage de moteurs de recherche multilingues pourra résoudre... en partie.

33  Camillo Giulio, Florence, 1550, L'idea del theatro, trad. Eva Cantavenera et Bertrand Schefer, Le théâtre de la mémoire, Éditions Allia, Paris, 2001.

34  " Les lieux de l'image ", Bertrand Schefer, in Giulio Camillo, Le Théâtre de la Mémoire, op.cit., pp. 8 et 30. Les éditions Allia ont aussi publié plusieurs autres textes de la même époque, souvent en collaboration avec Bernard Schefer :les Neuf cents conclusions de Pic de la Mirandole (avec une introduction de Bertrand Schefer : Concordia discors), De la magie et Des liens de Gordano Bruno (traductions et postfaces de Danielle Sonnier et Boris Donné : La philosophie dans le miroir et In tristitia hilaris, in hilaritate tristis), Hermetisme et Renaissance de Eugenio Garin (traduction de Bertrand Schefer), Quid sit lumen de Marsile Ficin (traduction et postface de Bertrand Schefer : L'Art de la lumière).

35  " Les théâtres de machines de la Renaissance ", Hélène Vérin et Luisa Dolza, Alliage n°50-51 (" Le spectacle de la technique "), Nice, 2003, http://www.tribunes.com/tribune/alliage/accueil.htm .

36  La naissance de la science moderne en Europe, Paolo Rossi, Seuil, 1999.

37  http://www.cdmc.asso.fr/html/compositeurs/bio/d_g/duchenne_b.htm ; création de l'oeuvre en décembre 1995 à la Villa Gillet, selon une page de l'auteur actuellement disparue, en http://paslt.free.fr/fiches/theatre.htm .

38  Prévue pour le vendredi 7 novembre 2003 à 20h00 à la Cité de la Musique (http://www.festival-automne.com/public/sdp/dp/fap_musique.pdf).

39  http://pauillac.inria.fr/~codognet/eden.htm

40  Brenda Laurel, Computers as Theater, Addison-Wesley, 1993 ; http://www.tauzero.com/Brenda_Laurel/index.html.

41  Article d'Agathe Moroval en http://www.fluctuat.net/article.php3?id_article=645

42  Monique Mosser et Philippe Nys : L'Art des Jardins : Art et Lieu de Mémoire, Editions de l'Imprimeur, Paris-Besançon, 1995, cité en http://perso.club-internet.fr/thoth333/htm/jardin.htm

43  Michel Conan, à propos de son Dictionnaire historique de l'art des jardins, Hazan, Paris 1997, in Agora, France-culture, jeudi 26 juin 1997 vers 19:20 ; brève histoire des jardins-labyrinthes en http://quotidien.nouvelobs.com/conseils/jardins/articles/jdmonde/secrets/jdm45-s1.html ; plan et synopsis de Charles Perrault en http://www.contrepoints.com/geometrie/librairie/jardins/versailles/pdf/lab-perrault.pdf .

44  Cf. par exemple les remarques sur le labyrinthe dans la partie III de " L'Hypertexte : une lecture sans fin " de Bertrand Gervais et Nicolas Xanthos, en http://www.uottawa.ca/academic/arts/astrolabe/articles/art0036.htm, ou la présentation par Cécile Barbarin du Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle, en http://argos2.free.fr/barbarin.html, ou la présentation par Colette Garraud des potirons gravés de Françoise Jolivet dans l'émission de Pascale Lismonde Clin d'oeil, France-Culture, samedi 11 octobre 2003, 8:45.

45  Le Visiteur (Ville, territoire, paysage, architecture) n°4, été 1999, Ed. Société française des architectes, Paris ; http://www.sfarchi.org/publications/visiteur/pdf/article4.pdf

46  Cf. Urbanisme n° 310, janvier/février 2000, p.95.

47  On répète souvent aussi une citation de Caspar David Friedrich : " Le peintre ne doit pas seulement peindre ce qu'il voit devant lui, mais aussi ce qu'il voit en lui-même ". On cite moins souvent la suite : " Mais s'il ne voit rien en lui-même, il ferait bien de ne pas non plus peindre ce qu'il voit devant lui " (http://www.centreimage.ch/zabala/verf/prop8.html, http://membres.tripod.fr/stenop6/index-10.html, ...).
Plus généralement, on s'accorde à reconnaître que les premiers romantiques allemands pratiquaient une écriture " par fragments ", la totalité étant inatteignable. On pourrait en dire autant du web.

48  " Théorie de l'écran ", Raphaël Lellouche, http://www2.centrepompidou.fr/traverses/numero2/lellouche.html

49  Howard Rheingold, La réalité virtuelle, Dunod, Paris, 1993, traduction de Lionel Lumbroso et Annick Morel, http://www.lumbroso.fr/lionel/03_Plume/RV/RV_Ch14.htm

50  Anne Cauquelin, Le site et le paysage, Paris, PUF, 2002 (faisant suite à L'invention du paysage, Paris, PUF, 2000). Interview dans La suite dans les idées, France-Culture, mardi 19 mars 2002, 12:00.

51  Cf. par exemple http://www.enpc.fr/enseignements/Picon/Archivirtuelle.html, " L'architecture virtuelle : textures, paysages et cyborgs ", article d'Antoine Picon paru dans Parachute, n° 96, octobre-novembre-décembre 1999 ; http://www.archicool.com/dialogue/picon.shtml (interview d'Antoine Picon, mars 2001).

52  Cf. par exemple André Lemos, " Villes et Cyberculture ", http://www.arenotech.org/actual_2003/villes_cyberculture.htm .

53  Goldin Harrison J., " Changes in municipal accounting : The New York City controller's overview ", Journal of Accounting, Auditing and Finance, vol.8 n°4, pp.269-278, Summer 1985 ; cité par David Carassus dans l'introduction de sa thèse de doctorat en sciences de gestion, soutenue à Pau le 4 janvier 2002 : L'audit externe des villes et de leurs satellites... (http://www.univ-pau.fr/~carassus/Publications/These/Introd.pdf). Dans le même ordre d'idées, cf. aussi Philippe Vidal, " Société de l'information, politiques publiques et enjeux territoriaux ", mémoire de DEA en Territoire, Environnement et Aménagement, http://www.globenet.org/horizon-local/perso/dea.rtf .

54  Pierre Lévy, Cyberdémocratie, http://www.odilejacob.fr/cyberdemocratie/tab_mat.asp

55  A propos du Khyber Pass, cf. par exemple la fin de L'usage du Monde, de Nicolas Bouvier, Petite Bibliothèque Payot, n°100, Paris 2001, ISBN 2-228-89401-X, première édition Droz 1983 ; il y a aussi divers sites, avec des photos, sur le web.

56  " Grand jeu " auquel était consacrée l'émission de Jean-Noël Jeanneney Concordance des temps, France-Culture, le samedi 23 février 2002, à 10:00, et à propos duquel on trouvera aussi des centaines de références sur le web.

57  http://www.fas.harvard.edu/~icop/discursoenloorintrod.html

58  " Linda Hamilton's Arms ", http://www.sscnet.ucla.edu/ioa/arnold/arnoldwebpages/intersext.htm ;
" Strong women ", http://www.bfi.org.uk/nationallibrary/collections/alevel/women.pdf ;
Donna Haraway's " The Cyborg Manifesto ", http://www.stanford.edu/dept/HPS/Haraway/CyborgManifesto.html, http://cyborgmanifesto.org ;
liste de discussion http://www.feministsf.org/femsf/listserv/feministsf/weeklylogs/2001/fsf.log0108c.txt ...

59  Cf. Alain Montesse, " Avalon, etc ", communication au colloque Les arts d'Orient : enjeux et rites du spectaculaire, Valenciennes, 15-17 mai 2003, à paraître.

60  Dans l'émission Du Jour au Lendemain, France Culture, nuit du 22 au 23 mai 1995.

61  Le seigneur du RIM : un roman du monde virtuel, Alexander Besher, Presses de la Cité, Paris 1996 (RIM, a novel of virtual reality, Harper Collins Publishers, 1994).

62  ... suivant la traduction du lama Kasi Dawa Samdup, édité par le Dr. W. Y. Evans-Wentz, traduit par Marguerite La Fuente, éditions Adrien Maisonneuve, re-édit.1980.

63  Communication aux Journées d'informatique musicale, 10ème édition, Montbéliard , 4-6 juin 2003 ; http://jim2003.agglo-montbeliard.fr/articles/sedescourribetthiebaut.pdf ; citation du paragraphe complet :
" En tant qu'interface visuelle, la vidéo interactive nous offre les trois dimensions de la spatialité. Une quatrième dimension, celle du temps, que l'image cinématographique offre traditionnellement comme étant unidirectionnelle est désormais bi-directionnelle et à vitesse variable. La déambulation virtuelle, interactive intégrant les accélérations et décélérations fines dans un lieu à trois dimensions permettrait certainement de repenser la forme temporelle d'une oeuvre musicale ou audiovisuelle, et exclure enfin la trop grande linéarité du discours musical, ou de la fiction littéraire et cinématographique. La notion d'oeuvre ouverte telle qu'exposée autrefois par Umberto Eco referait alors surface, étant de nos jours paradoxalement vulgarisée par la pratique contemporaine des jeux vidéos. La notion de palais de mémoire [Berthoz 2003], qui n'est pas sans rappeler la tradition tibétaine des Mandalas, pourrait ici également être convoquée. "
Le renvoi [Berthoz 2003] désigne " Berthoz, Alain, Espace perçu et espace conçu, les arts de la mémoire. 8 janvier 2003, cours " espaces des sens, sens de l'espace ", Collège de France " (cf. http://www.college-de-france.fr/chaires/instit_biologie/cours/berthoz2002.html). On trouvera en ligne nombre d'autres références aux travaux du Pr. Alain Berthoz (Collège de France, Laboratoire de physiologie de la perception et de l'action), dont certains renvoient directement aux arts de la mémoire. Les 14 et 15 octobre 2003, il coorganisait avec Roland Recht au Collège de France un colloque intitulé Les espaces de l'homme, dans lequel intervenait Mary Carruthers avec une communication intitulée " The concept of " Place " of the mnemonic arts of the middles ages " (" Le concept de " place " dans les arts de la mémoire au Moyen Age "). Parmi les nombreux et différents espaces humains envisagés lors de ce colloque, le cyberespace était absent.

64  Ainsi que La voie des nombres : comptes de la Bible grecque, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1996. C'est probablement la même Anne Machet qui participa à Mnémosyne : la mémoire par l'image (sous la direction de Luigi De Poli, Bergamo, Edizioni Sestante, 1999).

65  http://berloquin.com/Textes/Topomnese.htm

66  La fabrique de l'histoire, France Culture, lundi 13 septembre 1999 vers 16:00.

67  John Brunner, L'orbite déchiquetée, Denoël, coll. Présence du Futur n°137, Paris, 1971 ; titre original The jagged orbit, première édition Ace, 1969.

68  Rediffusion de ces images et commentaires dans Arrêt sur images du dimanche 3 novembre 1996, 12:30, La Cinquième.

69  Le mercredi 4 mars 1998 de 15h00 à 18h00, " Rencontre Infoéthique " à l'hôtel Loews, intitulée " Création d'images numériques d'actualité : quelle déontologie ? ".

70  Rediffusion de ces images et commentaires dans Arrêt sur images du dimanche 20 décembre 1998, 12:30, La Cinquième.

71  Eyal Sivan s'était déjà fait remarquer par un autre film qui avait aussi suscité quelques vagues, particulièrement en Israël : Izkor : les esclaves de la mémoire. Roni Brauman avait déjà co-réalisé avec François Margolin en 1996 La pitié dangereuse, rétrospective de l'action humanitaire, diffusé sur ARTE le jeudi 20 juin 1996 à 20:45.

72  " Documentaire et nouvelles technologies ", communication de Laetitia Mikles, le 22 février 2000, publiée dans les Actes 1999-2000 du Séminaire (http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac9900/doc_nt_mikles.htm)

73  Daniel Fondanèche a déjà parlé ici même des difficultés et problème de " La Cyberédition ", cf. Actes 2001-2002 du Séminaire, http://www.artemis.jussieu.fr/hermes/hermes/actes/ac0102/cyberedition_fondaneche.htm

74  http://www.confessions-voleur.net/index.html : commentaires sur le téléchargement promotionnel p.60 ; autres commentaires en http://www.chemla.org/textes/voleur.html et en http://www.linternaute.com/0redac_actu/0204_avril/020403confessionsdunvoleur.shtml

75 On m'a rappelé récemment qu'une autre maison d'édition, traductrice des Essais d'Iconologie du même Panofsky, avait mis une quinzaine d'années pour écouler les 750 exemplaires primitivement publiés dans sa collection blanche " ; éditorial d'Elisabeth Lebovici , n°19 de la revue Critique d'art, printemps 2002, http://www.archivcriticart.org/pages/fiche_revue.php?ID=0000000000000027

76  Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Ed. Gérard Lebovici, Paris, 1990, p.30.

77  Jordi Vidal, Résistance au chaos, Allia, Paris, 2002.